Top 25 des préférées de Phil - #8 - Alfa Romeo 33 Stradale
Si vous m’aviez demandé, dans ma jeunesse, quelle était la plus belle voiture de tous les temps, j’aurais répondu sans aucune hésitation : la Lamborghini Miura. Si vous me posiez la même question aujourd’hui, je serais déchiré entre elle et une autre Italienne : l’Alfa Romeo 33 Stradale. Si elle n’est pas dans mon Top 5, c’est parce que je l’ai connue plus tard que celles qui la précèdent sur cette liste. Elle fut pourtant introduite en 1967 mais son extrême rareté – seulement 18 exemplaires produits en trois ans – fit en sorte que je ne la voyais pas nulle part dans les publications que je lisais dans ma jeunesse. Et elle ne se faisait pas en miniature...
Le cinéma et la télévision m’ont fait connaître la première Giulietta Spider ainsi que la 1300 Spider; j’avais vu la Montreal dans des livres et des revues; et j’ai grandi avec les Alfa des années 60, 70 et 80 car elles étaient vendues ici. Je devais être dans la vingtaine lorsque j’ai « découvert » la Stradale et la mâchoire m’a décroché : depuis la Miura de mon enfance, je n’avais jamais vu un design aussi sensuel. Dessinée par Franco Scaglione, la Stradale est une sculpture toute en courbes qui émeut tout en suscitant le désir, au sens charnel. Pas une beauté discrète ou froide, encore moins statique; torride, plutôt... S’il existait une incarnation mécanique du péché, ce serait elle. C’est tout le contraste de l’Italie, berceau du catholicisme mais aussi de la séduction.
Si la Stradale est si rare, c’est qu’elle n’a été construite qu’à des fins d’homologation : dans les courses d’endurance de l’époque, le règlement stipulait qu’il devait exister une quantité (limitée) de versions routières des bolides qui couraient dans la catégorie Sport-prototypes. Autrement dit, c’est une voiture de course habillée pour la route. Sauf qu’à cette époque, les voitures de course savaient aussi se faire belles; rien à voir avec les horribles prototypes qui courent aujourd’hui aux 24 Heures du Mans, dessinés par des ingénieurs en aéronautique.
Le nom Stradale indique qu’il s’agit de la version routière de la Tipo 33 mais elle possédait une carrosserie distincte, entièrement en aluminium, qui reposait sur un châssis tubulaire, en aluminium lui aussi. Conçu par le légendaire Carlo Chitti, son petit V8 de 2 litres à injection était directement issu de la compétition, tout comme sa boîte manuelle à 6 rapports. Allégée au maximum parce que dépourvue de tout accessoire lié au confort, la Stradale était un poids plume (700 kilos), ce qui lui permettait d’offrir des performances tonitruantes, comparables à celles de rivales beaucoup plus puissantes comme la Miura, la Ferrari Daytona ou la Maserati Ghibli : 0-100 km/h en moins de 6 secondes et une vitesse maximale de 260 km/h. Respect!
