Essai routier : Nissan 370Z 2018

Essai routier : Nissan 370Z 2018

Par Philippe Laguë
(Photos : François Prud’Homme)

Digne de ses ancêtres

J’aime les voitures qui ont de l’histoire. Des légendes vivantes comme la Corvette, la Mustang, la Porsche 911, la MINI Cooper… Des modèles toujours en production et possédant un riche patrimoine.

Du côté des marques japonaises, les classiques sont rares : la Cosmo, première Mazda à moteur rotatif (1967); la Toyota 2000 GT (1967-1970); quelques sportives des années 90, aussi : la Mazda RX-7,  la Toyota Supra Turbo, la Nissan 300ZX…

Cette dernière fait partie de la prestigieuse lignée des Nissan Z, dont la première, la 240Z de 1970, a déjà sa place au Panthéon des voitures japonaises.

En 47 ans d’histoire, la Z a connu des hauts et des bas, comme ce fut aussi le cas pour la Mustang et la Corvette. L’analogie avec ces deux modèles n’est pas fortuite : comme elles, la Z est une sportive; comme la Mustang, elle était, à l’origine, abordable; et comme la Corvette, elle a gagné en puissance en vieillissant, tout en demeurant moins chère que ses rivales européennes.

Grandeur et décadence

Au fil des ans, sa désignation alphanumérique a changé en concordance avec l’augmentation de cylindrée de ses moteurs. La 240Z est ainsi devenue la 260Z, puis la 280Z.

Les choses se sont gâtées à la troisième génération (1984-1989) avec la 300ZX - la première du nom, c’est important de le spécifier - qui s’éloignait de plus en plus du concept original. De moins en moins sportive et de plus en plus luxueuse (donc plus chère), la 300ZX a aussi pris de l’embonpoint, pour devenir une GT lourdaude et un peu ringarde.

Pour certains, c’est la génération suivante qui incarne la quintessence de la Z : dopée par ses deux turbos, la 300ZX des années 90 – la deuxième du nom - était alors à la fois la plus sportive et la plus rapide de l’histoire de ce modèle. La plus belle, aussi : sa carrosserie semblait tout droit sortie des studios de design italiens.

Le hic, c’est que son prix a suivi la même courbe ascendante, ce qui a fini par avoir raison de sa popularité. La 300ZX fut produite jusqu’en 2000 mais Nissan cessa de l’exporter en Amérique en raison de ses ventes déclinantes.

Si la 300ZX est aujourd’hui considérée comme un des rares classiques de l’industrie automobile japonaise, elle n’en fut pas moins boudée par les puristes, qui lui reprochaient justement de s’être trop éloignée de la vocation originale de la Z. Ces gardiens de l’orthodoxie ne le savaient pas, mais ils allaient être comblés quelques années plus tard.

Le retour de la Z

Après un hiatus de 5 ans en Amérique du Nord, la Z a ressuscité à l’été 2002. Millésimée 2003, la cinquième génération, codée Z33, renouait avec son passé, tant sur le plan du concept que du design. Celui-ci s’inspirait de la Z originelle et il fut unanimement salué.

Par rapport à la 300ZX, la 350Z avait subi une cure minceur et si son prix n’était pas à proprement parler abordable, il n’avait pas non plus suivi la courbe inflationniste de sa devancière.

La 370Z a pris le relais en 2009 et cette sixième génération a fait encore plus pour respecter l’esprit des premières Z en étant plus légère que la 350Z et, croyez-le ou non, moins chère! Pas énormément, mais tout de même…

Cela mérite d’autant plus d’être souligné que le prix est, règle générale, directement proportionnel à la puissance. Or, dans le cas de la Z, ce fut l’inverse.

Carrosserie

Côté style, la barre était haute et pourtant, les designers de Nissan, capables du meilleur comme du pire, ont réussi à faire mieux.

La 370Z reprend les grandes lignes de la 350, mais elles sont plus sculptées, plus acérées, avec un faciès plus agressif. La partie arrière, plus bombée, est particulièrement réussie. J’ose le dire : cette voiture a un superbe derrière… Et surtout, la silhouette n’a rien perdu de sa grâce : le dessin reste très pur, sans excroissances sur la carrosserie, sinon l’incontournable aileron arrière, heureusement discret.

Comme son ancêtre, la Z est une biplace mais elle est offerte en deux configurations : un cabriolet est apparu dans les années 90.

Habitacle

À l’intérieur, on constate une nette amélioration de la qualité des matériaux, rehaussée par la présence de cuir et de suède dans les versions plus cossues. Il y a encore des plastiques durs à certains endroits, cependant.

L’insonorisation n’est pas optimale non plus. Si vous aimez entendre ce que fait votre véhicule, vous allez être servis : le grondement du moteur et les bruits de roulement sont très présents. Dans le cabriolet, on se montre plus indulgent, en raison du toit souple; mais dans le coupé, c’est plus flagrant. Cela dit, si le silence de roulement est votre priorité, vous devriez peut-être considérer l’achat d’un modèle moins sportif.

La présentation intérieure affiche ses couleurs, avec son instrumentation bien garnie et son gros compte-tours en plein centre du tableau du bord : nous sommes bel et bien à bord d’une sportive. Belle ambiance, j’aime! Et même si la Z actuelle a presque 10 ans, son habitacle cache encore bien son âge.

L’ergonomie est décidément une spécialité japonaise. Toutes les commandes se manipulent aisément et elles brillent par leur simplicité. La position de conduite est idéale et de longues randonnées m’ont permis d’apprécier les sièges, qui combinent le confort d’une voiture de luxe et le maintien d’un baquet de course.

Plus puissante

Si la 350Z est devenue 370Z, c’est à cause de l’augmentation de la cylindrée de son V6, qui est passée de 3,5 à 3,7 litres. La puissance a grimpé du même coup, de 306 à 332 chevaux.

Ce moteur, baptisé VQ 37, est essentiellement une évolution du VQ 35, ce qui est une bonne nouvelle car c’était une réussite. Un des meilleurs moteurs de l’industrie automobile, rien de moins. Sa polyvalence est un de ses principaux atouts : il s’adapte aussi bien à une berline, une sportive, un VUS ou une camionnette! Qui dit mieux?

Apprêté à la sauce sportive, il brille sur tous les plans : bien servi par sa grande plage d’utilisation et sa linéarité, il répond instantanément et il est aussi souple que véloce. Il chante fort et juste, avec une voix grave et un brin rauque. Et pour couronner le tout, ce V6 consomme raisonnablement. Bref, il est difficile de lui trouver des défauts.

La boîte manuelle, par contre, n’est pas parfaite. Ça commence plutôt bien : le petit levier se manie bien, sa course est courte; mais son guidage imprécis peut occasionner des mauvaises surprises en conduite sportive. Elle peut même être carrément récalcitrante, notamment lorsqu’on passe au reculons.

Une boîte automatique est aussi offerte, avec mode séquentiel et leviers de chaque côté du volant. Cette boîte est diablement efficace mais je reste fidèle à ma bonne vieille boîte manuelle, désolé… Question de sensations, de symbiose avec la mécanique.

Confort et comportement

Avertissement à ceux qui achètent ce type de voiture juste pour frimer : vous allez souffrir. La 370Z n’est pas une sportive de salon, mais une véritable athlète et elle fait peu (ou pas) de concession. Le roulement est ferme et chaque petite imperfection du revêtement se fait sentir.

En revanche, celle-ci est particulièrement douée pour le sport, tant le sprint que le slalom. Tous les ingrédients requis sont là : pas de roulis, une suspension bien ferme et une direction qui l’est tout autant, en plus d’être d’une rare précision. Oh, que j’aime ça!

Cette précision chirurgicale permet d’exploiter au maximum l’agilité de la Z, qui réagit au quart de tour. Dans les virages, son adhérence impressionne et la caisse reste bien neutre. La Z semble construite toute d’un bloc et, il faut le souligner, le cabriolet perd très peu de sa rigidité.

Sport extrême

Une version encore plus extrême, la Nismo, figure également au catalogue. Le poids est réduit au minimum, ce qui entraîne l’élimination de quelques accessoires de luxe et/ou de confort; la puissance du V6 grimpe à 350 chevaux; et la suspension est encore plus ferme. Avis aux futurs acheteurs : c’est une Z montée pour la piste et sur la route, vous allez souffrir… encore plus. Au bout d’une semaine, j’avais eu ma dose. Et j’ai sans doute perdu quelques plombages à force de me faire brasser de la sorte.

Conclusion

La 370Z détonne dans l’univers de plus en plus lisse de l’automobile. En voilà une qui refuse de jouer la carte du compromis : sportive elle fut, sportive elle est, sportive elle restera. L’agrément de conduite est sa raison d’être. Un objet de plaisir, et rien d’autre. Mais pas anachronique pour autant : la 370Z est une sportive bien de son temps, qui consomme peu et brille par sa fiabilité. Mieux encore, elle demeure une sacrée bonne affaire. Comparez avec ses rivales allemandes et vous verrez…

Fiche technique Nissan 370Z 2018

Moteur : V6 3,7 L
Puissance : 332 ch à 7 000 tr/min
Couple : 270 lb-pi à 5 200 tr/min
0-100 km/h : 5,9 s
Vitesse maximale : 250 km/h
Consommation moyenne : 11,8 L/100 km (combinée ville et route)
Prix du véhicule d’essai : 35 748 $
Modèles concurrents : Audi TT, Porsche Boxster et Cayman