50 ans du Grand Prix du Canada : les années Jacques

50 ans du Grand Prix du Canada : les années Jacques (1996-1999)

En 1996, l’improbable se produit : Jacques Villeneuve, le fils de Gilles, accède à son tour à la Formule 1. Les Québécois, qui n’ont jamais délaissé la F1, reviennent cependant en plus grand nombre que jamais au circuit Gilles-Villeneuve pour encourager leur nouveau favori. Le chroniqueur automobile Philippe Laguë nous rappelle les temps fort de cette période.

La formule Atlantique, l’équivalent nord-américain de la F3, a longtemps fait partie des courses de soutien présentées lors du week-end du Grand Prix du Canada. Sur le circuit qui porte désormais le nom de son père, Jacques Villeneuve remporte la course en 1993. Les spectateurs ne le savent pas encore, mais l’histoire est en train de s’écrire. Villeneuve fils est couronné Recrue de l’année au terme de la saison et trois ans plus tard, après avoir remporté les 500 Milles d’indianapolis et le championnat IndyCar, il est de retour à Montréal – au volant d’une Formule 1, cette fois. Et pas n’importe laquelle : la Williams-Renault, considérée comme la meilleure voiture du plateau. Ce qui se confirme dès le début de la saison, avec cinq victoires en autant de courses.

Jacques Villeneuve, doit-on le rappeler, débute de façon tonitruante, en obtenant la pole position dès son premier Grand Prix, en Australie. Et il remporte sa première course de F1 à son quatrième départ, en Allemagne (le GP d’Europe était alors disputé au Nurbürgring). Inutile de dire que les attentes sont élevées lorsque Jacques Villeneuve débarque à Montréal. Le public lui est totalement acquis : un Villeneuve fait de nouveau vibrer le Québec. Et en plus, il pilote pour la meilleure écurie!

Le nouveau héros local ne déçoit pas ses fans : il termine deuxième derrière son coéquipier (et champion du monde en devenir), le Britannique Damon Hill. Bien sûr, les fans québécois auraient préféré que l’ordre soit inversé mais ils se consolent en se disant que Villeneuve est encore jeune et qu’il aura amplement le temps de se reprendre. Après tout, il a déjà gagné sur ce circuit…

L’année suivante, la Williams-Renault est encore la voiture à battre. L’Allemand Heinz-Harald Frentzen a remplacé Damon Hill aux côtés de Villeneuve mais il est laminé par le pilote québécois, largement favori pour le titre. Avant d’arriver à Montréal, Jacques a d’ailleurs remporté trois des six premières courses de la saison. La table est donc mise pour la deuxième victoire d’un Villeneuve au Grand Prix du Canada. Le père disparu trop tôt, le fils qui suit glorieusement ses traces… Un scénario comme Hollywood les aime.

Hélas, la Formule 1 n’est pas Hollywood : dès le deuxième tour, le favori de la foule est éliminé, après avoir frappé le « Mur du Québec », un muret arborant une publicité pour la province du même nom. Les Québécois se consolent à la fin de la saison, lorsque Jacques Villeneuve réussit un exploit que son père n’a pas eu le temps de réaliser : gagner le championnat du monde.

Tel qu’annoncé, Renault se retire de la F1 à la fin de la saison 1997, sur cette note victorieuse. Lorsque le champion en titre revient à Montréal, l’année suivante, il n’a plus entre les mains une voiture capable de gagner. Villeneuve peut, tout au plus, espérer un podium. La course est toutefois ponctuée de nombreux incidents – dont deux carambolages – et le favori local se retrouve deuxième derrière Fisichella. Il tente alors de surprendre ce dernier mais attaque trop fort et sort de piste. Il sera finalement classé 10e… Victorieux l’année précédente, l’Allemand Michael Schumacher l’emporte à nouveau; il en est déjà à sa troisième victoire à Montréal.

1998 a été une année mouvementée au circuit Gilles-Villeneuve, avec deux accidents en autant de départs et trois apparitions de la voiture de sécurité en piste. L’histoire se répète l’année suivante, avec un autre accident au départ, impliquant les mêmes protagonistes (Trulli et Alesi). La course est tout aussi mouvementée, les nombreux incidents nécessitant quatre interventions de la voiture de sécurité – un record. Quatre pilotes frappent également le « Mur du Québec », dont trois champions du monde (Hill, Schumacher et Villeneuve), ce qui lui vaut d’être rebaptisé le « Mur des champions ». En route vers son deuxième titre d’affilée, le Finlandais Mika Hakkinen, sur McLaren, monte sur la première marche du podium.

Pour Jacques Villeneuve, qui a quitté Williams pour la nouvelle écurie BAR (British American Racing), cette fin de course abrupte s’ajoute à longue série d’incidents qui ponctuent cette saison cauchemardesque, pendant laquelle il ne marque aucun point. Deux ans plus tôt, faut-il le rappeler, il était couronné champion…

1997

1998

1999