GP du Canada : Récit d’une passion (4e partie)

GP du Canada : récit d’une passion (4e partie)

Par Philippe Laguë

Le Grand Prix et moi… ou les souvenirs (bons et moins bons) de Philippe Laguë

Le Grand Prix du Canada commémore cette année le 40e anniversaire de la victoire de Gilles Villeneuve à Montréal. Le chroniqueur automobile Philippe Laguë y était et il n’a rien oublié de cette journée historique. Voici la 4e partie du récit de ses souvenirs du Grand Prix du Canada.

Ralf Schumacher vainqueur en 2001

La F1 aujourd’hui

Voici deux des questions qu’un chroniqueur automobile se fait poser le plus souvent :

  • Pis, vas-tu au Grand Prix c’t’année? (Ou une variante : « as-tu hâte au Grand Prix? »)
  • Es-tu capable de m’avoir des billets?

La réponse à ces deux questions est la même : non. Je n’ai aucun contact pour avoir des billets et quand un manufacturier m’invite, je refuse 9 fois sur 10, ne serait-ce que parce qu’il faut que je me lève très tôt, ce qui est contre ma religion. Les qualifs, la course, ça se passe l’après-midi; pourquoi me lèverais-je à l’heure des poules alors que je verrai tout ça à la télé, bien installé dans mon salon?

Kimi Raikkonen vainqueur en 2005

N’oubliez pas une chose : regarder une course de F1 fait partie de mon travail. Or, passer la journée dans le Paddock Club avec les jetsetters n’apporte rien de plus à mon travail. Rien, nothing, nada. Et lorsque je suis dûment accrédité, je regarde les qualifs et la course à la télé de toutes façons, sur les écrans moniteurs de la salle de presse.

Il faut dire que mon rapport avec la Formule 1 a changé au fil des ans. En devenant journaliste, je suis passé de l’autre côté de la clôture. Il reste encore un fond de passion mais une distance s’est installée; d’abord dans les années 90, surtout lors de la période Villeneuve, où j’ai vu la F1 devenir vraiment big – trop big pour l’indécrottable nostalgique que je suis. Je me revois encore en 1992, sur la grille de départ, en train de photographier Mansell et Alesi assis dans leur voiture quelques minutes avant le départ, sans que personne ne vienne m’importuner… Ça, c’est la F1 que j’aimais. Avec passion.

Fernando Alonso vainqueur en 2006

Mais j’ai vraiment décroché au début des années 2000, alors que Ferrari et Schumacher dominaient la F1 en trichant. Parfaitement, en trichant! Quand ton coéquipier est obligé, par contrat, de te laisser passer, c’est déjà limite; mais quand il le fait de façon aussi flagrante que l’a fait Rubens Barrichello, au dernier virage du dernier tour du GP d’Autriche, en 2002, là, il y a un problème. Un très gros problème. Je ne suis visiblement pas le seul à le penser, d’ailleurs, puisque la Scuderia Ferrari a été pénalisée par la FIA pour ce simulacre de course.

Ce jour-là, quelque chose s’est brisé et je n’ai plus jamais porté un des chandails Ferrari qui comptaient pour la moitié de ma garde-robe personnelle… Même ceux que j’avais acheté lors de mon « pèlerinage » à Maranello, en 1998!

Robert Kubica vainqueur en 2008

C’est meilleur dans les gradins

Par contre, je retournerais au Grand Prix en spectateur. Ou mieux encore, en touriste dans ma propre ville, comme j’avais pu le faire en 2000, alors qu’un constructeur automobile avait décidé d’organiser un gros événement autour du Grand Prix. Non seulement nous étions invités à passer le week-end au circuit mais la chambre d’hôtel à Montréal était incluse! (Je n’ose imaginer combien cela avait coûté à Volkswagen pour la fin de semaine…)

Jenson Button vainqueur sous le deluge en 2011

C’était la première fois que je prenais place dans les gradins du circuit Gilles-Villeneuve depuis 1981. J’avais adoré l’expérience : le bruit, l’ambiance, les gens assis autour, je n’avais pas connu ça depuis la fin de mon adolescence… Nous étions à l’épingle et j’avais trouvé l’expérience, ma foi, exotique, habitué que j’étais à passer le week-end dans la salle de presse.

Lewis Hamilton 6 fois vainqueur à Montréal

J’ai trouvé tout aussi exotique de jouer au touriste : demeurant sur la Rive-Sud et ayant grandi à Montréal, je n’avais jamais, sauf erreur, passé une nuit dans un hôtel du centre-ville. J’ai même habité au centre-ville, rue MacKay; mais pas à l’hôtel… Encore une fois, j’ai adoré l’expérience : croyez-moi, c’est VRAIMENT le party la fin de semaine du Grand Prix!

Ça, je le referais n’importe quand.

Michael Schumacher a remporté 7 fois le GP du Canada

Ceci conclut le volet « Souvenirs de l’oncle Phil au Grand Prix du Canada ». Et la conclusion, c’est que c’est bien plus agréable d’être spectateur que d’y travailler. Si vous êtes là ce week-end, profitez-en; d’autant que les conditions météorologiques des prochains jours promettent de belles journées. Cela dit, dois-je vous rappeler que j’ai vécu mes meilleurs moments au circuit Gilles-Villeneuve lorsque le temps était gris, frais et pluvieux? C’est la grâce que je vous souhaite.

2001

2007

2011

2014