Essai routier : Kia Soul (podcast 105)

Essai routier : Kia Soul (podcast 105)

Agent de changement

S’il y a un modèle qui a contribué à changer l’image de Kia, c’est bien la Soul. La marque coréenne partait de loin et son parcours n’est pas sans rappeler celui d’un autre constructeur coréen. Comme Hyundai, Kia a connu des débuts difficiles au Canada, à cause de la médiocrité de ses produits.

Le chroniqueur automobile Philippe Laguë avait vécu de près les premiers pas de Hyundai au milieu des années 80 : il travaillait alors pour un concessionnaire de la marque, qui appartenait à son oncle. Près de 15 ans plus tard, en 1999, il faisait partie d’un groupe de journalistes invités en grandes pompes à faire l’essai des premières Kia en sol québécois. La désillusion fut brutale.

La défunte berline Sephia et le Sportage de première génération rappelaient, par leur vétusté et leur piètre qualité d’assemblage, les Hyundai des années 80. Le destin de ces deux marques coréennes était déjà scellé, cependant. Deux ans plus tard, soit en 1997, la crise financière asiatique avait conduit Kia à la faillite. Sous la pression du gouvernement sud-coréen, Hyundai, le plus gros conglomérat de ce pays, a racheté Kia en 1999.

Les premières Kia exportées au Canada étaient donc les dernières de l’ancien régime. Au fil des renouvellements et des ajouts à la gamme, elles sont devenues des clones des Hyundai. Encore aujourd’hui, les Kia partagent leurs plateformes et leurs organes mécaniques avec la marque-sœur. Or, les Hyundai se sont exponentiellement améliorées, on ne le répétera jamais assez, depuis leur arrivée en sol canadien. Les Kia ont suivi la même courbe mais comme Hyundai 15 ans plus tôt, elles ont dû se refaire une réputation.

Deux facteurs ont joué un rôle déterminant : l’arrivée de Peter Schreyer, une grosse pointure du design automobile en 2006; et l’introduction d’un petit véhicule multisegment, la Soul, en 2010. Nommé à la tête du département de design, l’Allemand a « relooké » la gamme Kia, plutôt fade, et son excellent travail lui a valu d’être promu, six ans plus tard, designer en chef des deux marques coréennes.

Conçue par l’antenne de design californienne de Kia (sous la supervision de Schreyer), la Soul s’est immédiatement démarquée par son style cubiste et la polyvalence qu’il lui conférait. Cette allure moderne, conjuguée à son côté pratique et un prix abordable, lui ont permis d’aller chercher une nouvelle clientèle – en plus de la rajeunir.

Mine de rien, la Soul en est à sa troisième génération et si sa carrosserie a été peaufinée et rafraîchie au fil des ans, les grandes lignes sont demeurées les mêmes. Quand un design aussi marqué résiste aussi bien au temps, on peut parler de réussite. De plus, il a donné à la Soul son identité visuelle, toujours aussi forte. Cela dit, qu’en est-il du véhicule en tant que tel, dix ans plus tard? Est-il toujours aussi pertinent? Un ex-propriétaire de Soul et deux chroniqueurs automobiles se prononcent dans ce podcast.

(Animateur : Philippe Laguë. Coanimation et réalisation : Nicolas Mailloux. Essai et photos : François Prud’Homme.)