Top 10 des pilotes des 24 Heures du Mans

Top 10 des pilotes des 24 Heures du Mans

Par Philippe Laguë

Le Mans est une ville d’environ 150 000 habitants, située dans le département de la Sarthe, dans l’ouest de la France. Elle est aussi le centre de la planète automobile pendant trois jours en juin, généralement la 24e semaine de l’année - on est concept ou on ne l’est pas - et ce, depuis 1923. Officiellement, il n’existe pas de Triple couronne en sport automobile mais officieusement, l’épreuve des 24 Heures du Mans en fait partie, avec les 500 Milles d’Indianapolis et le Grand Prix de Monaco. À ce jour, le Britannique Graham Hill demeure le seul à avoir remporté les trois courses. La course a même fait l’objet d’un film, Le Mans, mettant en vedette Steve McQueen, qui l’a aussi produit. Acteur-culte, film-culte. Les plus grandes marques ont remporté les 24 Heures du Mans : Alfa Romeo, Bentley, Bugatti, Ferrari, Jaguar, Mercedes, Aston Martin, Ford, Renault, Peugeot, BMW, Porsche, Audi… De grands pilotes aussi, certains en faisant même une spécialité. Voici la liste de ceux qui ont gagné le plus souvent.

3 victoires : 12 pilotes ex-aequo

L’épreuve la plus emblématique du sport automobile compte pas moins de 11 triples vainqueurs. Dans les années 20, la marque Bentley triomphe à quatre reprises; le Britannique Woolf Barnato, un des célèbres Bentley Boys, gagne trois années d’affilée (1928 à 1930). Le pilote italo-américain Luigi Chinetti remporte deux victoires sur Alfa Romeo (1932 et 1934) et il écrit une page d’histoire en procurant à Ferrari la première de ses neuf victoires au Mans, en 1949. L’Américain Phil Hill contribue à trois autres succès de Ferrari (1958, 1961 et 1962). L’Allemand Klaus Ludwig gagne en 1979, 1984 et 1985, à chaque fois sur Porsche. L’Américain Hurley Haywood participe à trois autres victoires de Porsche, dans trois décennies différentes : 1977, 1983 et 1994. Un autre Américain, Al Holbert gagne trois fois dans une Porsche. L’Écossais Alan McNish gagne lui aussi sur Porsche (1998) et deux fois pour Audi (2008 et 2013). L’insolente domination d’Audi - 13 victoires entre 2000 et 2014 – permet à plusieurs pilotes de se monter un joli palmarès : les Allemands Marco Werner et André Lotterer, l’Italien Rinaldo Capello, le Suisse Marcel Fässler et le Français Benoît Tréluyer font partie des équipages vainqueurs à trois reprises.

Woolf Barnato

Alan McNish

André Lotterer

4 victoires : Henri Pescarolo

Quelques-unes des plus belles pages du sport automobile français ont été écrites au Mans. Les plus grandes marques de l’Hexagone y ont triomphé : Renault, Peugeot, mais aussi Lorraine-Dietrich, Bugatti, Delahaye, Talbot-Lago… Et n’oublions pas Matra-Simca, qui signe trois victoires d’affilée : 1972, 1973 et 1974. Henri Pescarolo fait partie de l’équipage gagnant à chaque fois : avec Graham Hill en 1972 et Gérard Larrousse les deux années suivantes. « Pesca » va aussi gagner une quatrième fois en 1984, devenant le Roi du Mans chez les pilotes français. En 2000, il fonde sa propre écurie, Pescarolo Sport, dans l’espoir de gagner au Mans comme propriétaire. Son équipe signe de belles performances, sans cependant remporter la victoire. Henri Pescarolo est aussi détenteur de records d’aviation.

Henri Pescarolo

Henri Pescarolo

4 victoires : Yannick Dalmas

En remportant les 24 Heures du Mans une quatrième fois en 1999, le Français Yannick Dalmas rejoint son compatriote Henri Pescarolo. Dalmas l’emporte cependant avec quatre marques différentes : Peugeot (1992), Porsche (1994), McLaren (1995) et BMW (1999). Sa carrière en F1, avec des écuries de queue de peloton, ne dure que quatre saisons (1987 à 1990), ponctuées de nombreuses non-qualifications. Sa reconversion dans les courses d’endurance lui permet de montrer son réel talent : en plus de ses victoires au Mans, il aide Peugeot à remporter le Championnat des voitures de sport en 1992.

Yannick Dalmas

Yannick Dalmas

4 victoires : Olivier Gendebien

Le Mans réussit bien aux pilotes belges : à eux deux, Olivier Gendebien et Jacky Ickx y totalisent 10 victoires. Un équipage 100% belge l’emporte aussi en 1960 : pour son deuxième triomphe sur le circuit sarthois, Gendebien est jumelé à son compatriote Paul Frère. Il remporte ses trois autres victoires mancelles avec l’Américain Phil Hill (1958, 1961 et 1962). Le pilote belge devient le premier à remporter cette course à quatre reprises, dont trois fois d’affilée. Ajoutons qu’il a gagné quatre fois en huit participations! À l’exception de sa première, en 1955, il a toujours défendu les couleurs de Ferrari. Entre 1955 et 1961, Gendebien dispute également quelques Grands Prix de F1. Il monte sur le podium à deux reprises en 1960, en terminant 2e au GP de France et 3e devant les siens, en Belgique. Outre ses victoires au Mans, il remporte aussi plusieurs épreuves d’endurance, dans le très relevé du Championnat des voitures de sport : à l’époque, plusieurs pilotes courent simultanément en F1 et en endurance. Il remporte ainsi la mythique Targa Florio à trois reprises. Son joli palmarès compte aussi trois victoires aux 12 Heures de Sebring.

Olivier Gendebien

5 victoires : Derek Bell

Le Britannique Derek Bell est incontestablement une légende des courses d’endurance. Il est étroitement associé à une autre légende, Jacky Ickx, avec qui il remporte trois de ses cinq victoires au Mans. Et comme Ickx et Hurley Haywood, son nom est indissociable de Porsche, ayant gagné la presque-totalité de ses courses pour la marque allemande (incluant quatre de ses victoires au Mans). À sa première participation aux 24 Heures, il court pour Ferrari. Après sa première victoire, en 1975, sur une Mirage-Ford, il est recruté par Renault Sport pour piloter l’Alpine-Renault au Mans en 1977 et 1978. Passé chez Porsche, il signe ensuite trois victoires d’affilée sur le circuit sarthois aux côtés de Jacky Ickx, avec qui il l’avait emporté en 1975. Il gagne deux autres fois au Mans en 1986 et 1987, avec l’Allemand Hans-Joachim Stuck et l’Américain Al Holbert. Son palmarès compte également trois victoires aux 24 Heures de Daytona. Il remporte aussi le Championnat des voitures de sport en 1985 et 1986. Avant d’entamer sa fructueuse carrière de pilote d’endurance, il court de façon épisodique en F1, sans grand succès. Il dispute sa dernière course officielle lors des 24 Heures de Daytona en 2008.

Derek Bell

Derek Bell

5 victoires : Frank Biela

Lorsqu’une équipe domine un championnat pendant une quinzaine d’années, ses pilotes en sont évidemment les premiers bénéficiaires : ils peuvent se bâtir un joli palmarès (ou l’enrichir). Embauché par Audi, l’Allemand Frank Biela a saisi l’opportunité, remportant les 24 Heures du Mans cinq fois (dont trois d’affilée) et les 12 Heures de Sebring, quatre fois. Auparavant, Biela avait remporté le championnat de voitures de tourisme allemand (DTM) en 1991 et celui de Grande-Bretagne (BTCC) en 1996. Il est aussi le seul pilote étranger à avoir remporté le Championnat de France de Supertourisme (1993). Avec Audi, il remporte également le titre en ALMS (American Le Mans Series) en 2003 et 2005.

Frank Biela

Frank Biela

5 victoires : Emanuele Pirro

L’ex-pilote de F1 Emanuele Pirro en est un autre qui a su faire fructifier son passage chez Audi, remportant les 24 Heures du Mans à 5 reprises : trois fois d’affilée entre 2000 et 2002, puis deux autres fois consécutives en 2006 et 2007. Lors de ses cinq triomphes, il était associé à Frank Biela (Tom Kristensen était le troisième pilote en 2000, 2001 et 2002; Marco Werner en 2006 et 2007). Auparavant, l’Italien dispute trois saisons de F1 : en 1989 avec Benetton et les deux suivantes avec BMS-Dallara, sans jamais monter sur le podium. Il gagne toutefois le Championnat d’Italie de Supertourisme, ce qui lui ouvre les portes pour disputer les épreuves d’endurance avec cette marque. Il remporte aussi les 12 Heures de Sebring à deux reprises et le championnat ALMS en 2001 et 2005.

Emanuele Pirro

Emanuele Pirro

6 victoires : Jacky Ickx

Longtemps détenteur du record de victoires aux 24 Heures, Jacky Ickx est surnommé « Monsieur Le Mans ». Mais sa carrière ne se limite pas à l’épreuve mancelle, ni aux courses d’endurance : le pilote belge est un des plus polyvalents de l’histoire du sport automobile, comme en témoigne son palmarès exceptionnel. Champion d’Europe de F2 en 1967, il débute en F1 la même année, sur une Cooper-Maserati. Enzo Ferrari l’a dans son viseur et l’engage la saison suivante. À sa première saison avec la Scuderia, il remporte le GP de France, à Rouen. Il en gagne sept autres durant sa carrière, se classant 2e au championnat à deux reprises (1969 et 1970). À sa troisième participation aux 24 Heures du Mans, en 1969, il fait gagner la mythique Ford GT40 pour la quatrième (et dernière) fois. Il gagne à nouveau sur une Mirage-Ford en 1975. Il obtient ses quatre autres victoires dans la Sarthe au volant d’une Porsche : en 1976, 1977, 1981 et 1982. En 2000, il est fait citoyen d’honneur de la ville du Mans. Il remporte aussi le défunt championnat Can Am en 1979, avec l’écurie de Carl Haas. À ce palmarès déjà éclectique, il faut ajouter une victoire en rallye-raid : il gagne la mythique épreuve du Paris-Dakar en 1983, avec l’acteur français Claude Brasseur pour coéquipier. Difficile d’avoir une carrière plus remplie!

Jacky Ickx

Jacky Ickx

9 victoires : Tom Kristensen

C’est peut-être un Belge qui est surnommé « Monsieur Le Mans » mais c’est un Danois qui est le recordman absolu des victoires sur le circuit de la Sarthe. Tom Kristensen gagne à neuf reprises, dont six fois d’affilée (2000 à 2005) – de loin la plus longue séquence victorieuse au Mans. À chaque fois, il gagne au volant d’une Audi. Enfin, presque : officiellement, la voiture victorieuse en 2003 est une Bentley mais en réalité, la Speed 8 est une Audi rebadgée. Explications : la prestigieuse marque anglaise appartient désormais au géant Volkswagen (tout comme Audi). La firme allemande veut ainsi souligner le patrimoine sportif de sa marque, victorieuse à quatre reprises aux 24 Heures du Mans dans les années 20. Kristensen n’est pas regardant : Audi ou Bentley, seule la victoire compte! Il gagne aussi en 2008 et 2013, pour un total de huit. Et la neuvième ? C’est celle de 1997 sur Porsche, sa première au Mans. Kristensen détient aussi le record du nombre de victoires à Sebring (sept) et il remporte le Championnat du monde d’endurance en 2013. Il prend sa retraite l’année suivante.

Tom Kristensen

Tom Kristensen