Top 25 des préférées de Phil - #24 - Lincoln Continental (1961-1969)
Vous l’aurez remarqué, la nostalgie est une constante dans mon palmarès personnel. Or, s’il y a une voiture qui m’a marqué dans mon enfance, c’est la Lincoln Continental. J’étais à la fois subjugué par l’élégance de cette berline et par sa forte présence : cette limousine respirait le prestige. Ses fameuses portes suicides m’impressionnaient tout autant : la seule fois où j’en avais vu, c’était sur des Rolls-Royce. La Continental dégageait la même noblesse, avec un design plus moderne. Et pour le gamin que j’étais, c’était la voiture du président des États-Unis, symbole fort s’il en était – et mythifié par une tragédie. Dallas 1963, ça vous dit quelque chose?
Vous aurez aussi remarqué qu’il y a deux Continental dans ce palmarès. Il s’agit cependant de deux voitures complètement différentes : la Mark II (1956-1957) ne se déclinait que sous la forme d’un coupé deux portes, précurseur des Luxury Personal Cars des deux décennies suivantes (Thunderbird, Riviera, Toronado et consorts), tandis que la Continental de 4e génération (1961-1969) était une véritable limousine. Lincoln proposait aussi une version décapotable à quatre portes, une rareté pour l’époque – en fait, c’était la seule, dans les années 60. Elle fut aussi la dernière décapotable à être utilisée par un président des États-Unis, en raison d’un tragique événement survenu à Dallas en 1963…
Côté style, la Continental des années 60 est considérée comme un chef d’œuvre. C’est, par exemple, une des voitures préférées de Robert Cumberford, ex-designer reconverti au journalisme automobile et sommité en la matière. Ses lignes épurées et modernes ont fait école, après une décennie d’excès marqué par l’utilisation intensive, voire abusive, du chrome, et la même démesure dans la grosseur des ailes arrière. Il faut dire qu’à l’époque, les constructeurs américains semblaient atteints du syndrome du voisin gonflable…
Autre preuve d’un design réussi, la Continental a traversé les turbulentes années 60 inchangée, à l’exception de modifications esthétiques mineures. Et plus de 50 ans après sa sortie, des berlines comme l’actuelle Chrysler 300 utilisent le même patron : ceinture de caisse surélevée, ligne de toit basse… Vous avez dit avant-garde?
Son capot s’ouvrait aussi en sens inverse, comme les voitures sport de l’époque. Et sous ledit capot, un trouvait évidemment un V8 format géant (6,6 litres) de 300 chevaux, une puissance considérable pour l’époque mais qui n’était pas de trop pour faire avancer ce paquebot roulant. Et encore, la Continental était moins longue et moins lourde que sa devancière…
Cette quatrième génération a aussi permis de renflouer les coffres. La compétition était féroce entre les trois marques de prestige américaines et Lincoln tirait de la patte face à ses deux rivales (Cadillac et Imperial). Dans un processus de rationalisation, deux des trois modèles de la gamme (Capri et Premiere) furent supprimés et la Continental fit l’objet d’une refonte complète. Le succès fut immédiat : dès la première année, 25 000 exemplaires trouvèrent preneur, permettant ainsi à Lincoln de devancer ses deux rivales. Et de continuer à être la voiture officielle du président des États-Unis pour plus d’une décennie.