Top 25 des préférées de Phil – #25 – Jaguar E-Type

Top 25 des préférées de Phil - #25 - Jaguar E-Type

Pensiez-vous vraiment que je pouvais faire un Top 25 de mes voitures préférées sans inclure la Jaguar E-Type? Oui, je sais, j’avais écrit qu’elle n’y serait pas parce que j’avais plutôt choisi la XKSS… Mais il n’y a que les fous qui ne changent pas d’idée, pas vrai? Et puis, si j’ai inclus l’Iso Grifo et la Bizzarrini 5300 GT dans mon Top 25, alors qu’elles sont quasiment des clones, j’ai conclu que je pouvais très bien mettre la Jaguar E-Type : la XKSS et elle ne sont pas des jumelles mais plutôt des cousines éloignées.

La différence fondamentale entre les deux? La XKSS était une version routière d’une voiture de course, la D-Type; tandis que la Type E a été conçue pour la route d’abord. Elle succédait à la glorieuse mais vieillissante lignée des XK (120, 140 et 150); en Amérique du Nord, le plus important marché de Jaguar à l’époque, elle fut d’ailleurs commercialisée sous l’appellation XK-E, question de bien souligner qu’elle poursuivait la descendance.

Selon la version officielle, la Type E fut dévoilée au Salon de Genève, en 1961, mais il convient de préciser qu’elle fit sa première apparition publique la veille de l’ouverture dudit salon, à l'hôtel-restaurant du parc des Eaux-Vives, sur le bord du Lac Léman. Rigueur, rigueur, rigueur! Les connaisseurs savent aussi qu’elle reçut l’équivalent automobile d’une bénédiction papale dès sa sortie : Enzo Ferrari la qualifia de « plus belle voiture jamais construite » lorsqu’il la vit pour la première fois. Respect!

Outre sa silhouette à décrocher des mâchoires, la Type E impressionnait par ses performances (0-100 km/h en moins de 7 secondes et une vitesse de pointe de plus de 240 km/h) et la modernité de sa mécanique : direction à pignon et crémaillère, suspension à quatre roues indépendantes, freins à disques, le tout recouvert d’une carrosserie monocoque.

Pour se remettre dans le contexte, il faut préciser que plusieurs voitures de cette époque, incluant les sportives, avaient encore des freins à tambours et des suspensions à essieu rigide... Triple gagnante des 24 Heures du Mans, la Jaguar D-Type avait servi de laboratoire pour ces solutions avant-gardistes. Difficile d’avoir mieux comme mise au point!

Gros succès commercial dès sa sortie, la Type E devint une voiture-culte, symbole roulant des Swinging Sixties londoniennes, au même titre que l’Austin Mini; produite de 1961 à 1975, elle connut aussi une longévité exceptionnelle. Durant ces 15 années, elle reçut trois motorisations différentes, à 6 et 12 cylindres. À ses trois premières années d’existence, c’est le célèbre 6-cylindres de 3,8 litres, moteur emblématique de cette marque, qui officiait sous le – long – capot. Pour l’année-modèle 1965, sa cylindrée fut portée à 4,2 litres. C’est le couple qui en bénéficia puisque la puissance resta la même (265 chevaux).

À l’origine, la Type E se déclinait en deux configurations, soit un coupé biplace et un roadster. Une version 2+2, avec de minuscules places arrière, s’ajouta en 1966, alourdissant son superbe profil. La boîte automatique fut également offerte pour la première fois cette même année. Jaguar frappa un autre grand coup en 1971, en proposant, pour la première fois, un V12. Le coupé biplace disparut la même année, au profit de la version 2+2.

Comme la plupart des voitures de mon Top 25 perso, la Type E fait partie de cette liste parce que j’ai grandi avec elle. Évidemment, dans le Québec des années 60 et 70, on n’en voyait pas à tous les coins de rue, ni même à tous les jours ou à toutes les semaines; mais elle était moins rare que les Ferrari, Maserati ou Lamborghini, par exemple. On l’oublie, mais Jaguar avait une forte présence en Amérique du Nord à cette époque et la Type E était sans doute la sportive la plus répandue après la Corvette. (Évidemment, je ne parle pas des modèles plus abordables comme la Mustang ou les muscle cars.)

Elle fait donc partie de mon ADN automobile, sans compter qu’elle est apparue dans un nombre incalculable de films et séries télé de ma jeunesse. Ma préférée : la version corbillard du film-culte Harold et Maude. Inoubliable…