Essai routier : Buick Enclave (podcast 94)

Essai routier : Buick Enclave (podcast 94)

Succès au box-office

Si la vénérable marque Buick existe encore, elle le doit, dans l’ordre, à la Chine et à ses véhicules multisegments. Lors de la restructuration qui a suivi la faillite de GM, en 2009, quatre divisions sont passées à la trappe : Saturn, Pontiac, Saab et Hummer. Pourtant, Buick vivotait en Amérique du Nord et plusieurs s’attendaient à ce qu’elle fasse partie de la purge.

En Amérique, l’image de Buick n’était pas très flatteuse : dans la perception des consommateurs, il s’agissait d’une marque associée aux têtes grises. General Motors doit d’ailleurs encore combattre cette perception, utilisant même l’autodérision dans certaines de ses publicités.

En Chine, cependant, c’est une toute autre histoire, comme a pu le constater de facto le chroniqueur automobile Philippe Laguë lors d’un séjour à Shanghai en 2014. « Deux choses m’ont frappé en arrivant à Shanghai », écrivait-il dans le journal Le Devoir. « Je n’ai jamais vu autant de gratte-ciel de ma vie et je n’ai jamais vu autant de Buick. » (https://www.ledevoir.com/economie/409813/l-eldorado-chinois)

Les chiffres disent tout : Buick vend 80 % de sa production en Chine. De plus, ce pays est devenu le plus gros marché de l’industrie automobile, supplantant l’Amérique du Nord au cours de l’actuelle décennie. Résumons : Buick vend beaucoup de véhicules dans le marché le plus important de la planète. Ceci explique, en grande partie, pourquoi GM a décidé de garder cette marque en vie.

La rentabilité de Buick en Chine a ainsi permis à GM d’acheter du temps, facteur-clé pour changer les perceptions. Les milléniaux n’associent pas ce nom à leurs parents ou leurs grands-parents, comme c’était le cas pour les générations précédentes. Le temps a aussi permis à Buick de renouveler sa gamme, qui compte désormais plus de véhicules multisegments (trois) que d’automobiles traditionnelles (deux, dont une, la Cascada, n’est pas vendue au Canada). Et c’est sur ce trio de multisegments que Buick mise pour assurer sa pérennité.

Le plus imposant des trois, l’Enclave, revendique l’insigne honneur d’être le premier véhicule multisegment de l’histoire de la marque. Il s’agissait d’ailleurs d’un multisegment au sens littéral puisqu’il remplaçait, à lui seul, trois modèles : le Rendez-vous, clone de l’infâme Aztek; le Rainier, un VUS traditionnel utilisant une plate-forme de camion; et la minifourgonnette Terrazza. Si ces noms ne vous disent rien, c’est normal : les concessionnaires GM connaissaient leurs propriétaires par leur prénom….

La barre n’était donc pas très haute pour l’Enclave mais ses ventes ont dépassé les attentes; GM a même dû ajouter un quart de travail supplémentaire à l’usine de Lansing, au Michigan. Cela dit, un succès au box-office ne garantit pas un succès critique. Les principaux reproches adressés à l’Enclave concernaient son poids, sa consommation et la lenteur de sa boîte de vitesses. Entièrement renouvelé l’année dernière, l’Enclave de seconde génération est-il un adversaire à la hauteur des VUS de luxe qui sont ses rivaux? La réponse dans ce podcast.

(Animateur : Philippe Laguë. Coanimation et réalisation : Nicolas Mailloux. Essai : Philippe Laguë et François Prud’Homme. Photos : François Prud’Homme.)